Page:Contes chinois publies par Abel-Remusat, 1827, tome premier.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 215 )

revint avec son vaisseau à Kouan-chan pour y passer les derniers momens de l’année. Comme il était à se divertir avec sa femme et déjà un peu ivre, il prit une tasse de vin et la présenta à sa fille, en lui disant : « Le printemps approche ; je vous conseille de quitter votre deuil. — Celui d’un mari, lui répondit Yi-tchouan, doit se porter toute la vie ; comment donc pourrais-je le quitter ?… — Porter le deuil toute la vie ! s’écria son père en la regardant avec surprise ; vous le porterez si j’y consens, sinon vous le quitterez. » Ma dame Lieou, s’apercevant que le vieillard parlait à sa fille avec dureté, s’entremit et lui dit : « Notre fille le portera encore cette année, et, la veille du nouvel an prochain, nous aurons un vase d’excellente soupe avec du riz ; nous ôterons alors la tablette de Soung, Yi-tchouan quittera son deuil, et tout ira bien. »