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M. et madame Lieou aimaient maintenant plus que jamais leur fille, et, ne voulant la contrarier en rien, ils supportèrent jusqu’à la fin les clameurs des prêtres, qui durèrent plusieurs jours[1]. Yi-tchouan continua de pleurer régulièrement à cinq heures du matin, et le soir, quand la nuit approchait. Lorsque les habitans des bateaux voisins eurent connaissance de sa douleur non

  1. Il est d’usage dans ces sortes d’occasions que les prêtres soient dans une autre pièce que celle où le corps est déposé, et dans laquelle on arrange les offrandes ; après les avoir bénies et avoir allumé l’encens, ils s’assoient sur une chaise ou sur un tabouret, les jambes croisées et commencent à chanter leurs prières à haute voix, en se faisant accompagner de temps à autre par le bruit des cymbales ; pendant ce temps ils font un grand nombre de signes avec les mains pour éviter de profaner les noms de leurs divinités. Le plus âgé des prêtres agite continuellement une petite sonnette ; à mesure qu’ils approchent de la fin du service, ils répètent ce bruit avec précipitation ; ils sont ordinairement deux heures à réciter les prières.