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elle envoya chercher neuf prêtres[1] pour dire des prières pendant trois jours, et trois nuits consécutifs, et elle détacha ses boucles d’oreille et l’épingle de sa coiffure qu’elle leur donna, afin qu’ils continuassent à prier pour la félicité de son défunt mari.

  1. Les prêtres de la Chine ne jouissent pas d’une grande considération parmi les Chinois eux-mêmes et sont regardés comme paresseux et malpropres. Ils ont eu pourtant à différentes époques des gens de lettres dans leur corps, puisqu’ils ont beaucoup de livres de prières et d’ouvrages sur la religion, Kaï-tao et Kouei-hiu se firent distinguer par des empereurs des dynasties de Tang et de Soung qui, par estime pour leurs talens et leurs vertus, les engagèrent à quitter le sacerdoce et à se consacrer aux affaires de l’état. Malgré ces deux exemples, on conserve toujours de fâcheuses impressions contre les prêtres, et l’auteur d’un ouvrage chinois très-remarquable en 20 volumes, en a consacré plusieurs à rabaisser les prêtres de la Chine. Un de ses héros est un prêtre, qui, sans pouvoir être comparé au Dominiquin pour la nature de ses supercheries, peut du moins soutenir la comparaison sous le rapport de la fertilité de ses conceptions et du nombre de ses entreprises.