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mieux de suivre le courant que de lutter contre ? Je vous engage à vous calmer, et tout ira bien. » Yi-tchouan, voyant que son père ne voulait pas consentir à ses désirs, se mit à pleurer et à jeter des cris, et s’élança hors de la cabane pour se précipiter à l’eau. Heureusement madame Lieou s’empara d’elle et l’en empêcha. Yi-tchouan jura que néanmoins elle mettrait fin à son existence, et continua de pleurer. Les vieillards ne s’imaginaient pas que leur fille persisterait dans sa résolution ; combien alors se trouvèrent-ils à plaindre ! Ils veillèrent près d’elle toute la nuit, et le lendemain, pour contenter son désir, ils virèrent de bord ; mais comme ils allaient contre le vent et le courant, ils ne firent ce jour-là que la moitié du chemin qu’ils avaient fait la veille. Yi-tchouan passa encore la nuit entière à pleurer et à gémir, de sorte qu’il fut