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et tourner le vaisseau ; mais sa mère la saisit comme animée d’une crainte mortelle, et la fit rentrer de force dans la cabane. Yi-tchouan, se frappant la poitrine, pleurait à chaudes larmes, et invoquait le ciel et la terre pour les prier de lui rendre son cher Soung.

Pendant ces débats, le vent et la marée étant favorables, le vaisseau avait déjà fait plusieurs milles, quand monsieur Lieou entra dans la cabane, et adressa à sa fille les remontrances suivantes : « Mon enfant, écoutez un mot d’avis de ma part ; les femmes mariées ont un proverbe qui dit, qu’une année malheureuse égale un siècle de misère. La maladie de votre mari causera tôt ou tard sa mort, et ceux qui nous entourent souhaitent que ce lien soit rompu ; n’est-ce pas aussi votre désir ? le plus tôt que vous serez séparés, sera le mieux ; tout ira bien alors et