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et les chevaux qui attendaient M. Fan le kiu-jin, pour continuer son voyage ; il se retint de pleurer et tourna le dos pour s’en aller. Comme il n’avait sur lui aucun objet de valeur, et qu’il sentait une faim très-vive, il ne put mieux faire que d’imiter deux anciens sages :

Wou-siang, quand il était pauvre et dans la détresse à Wou-men, allait de porte en porte en jouant du chalumeau.

Han-yu, jeune et affamé, ne refusa pas le secours d’une batelière[1].

Soung-kin restait, pendant le jour,

  1. On raconte que Han-Yu était d’une naissance commune, et que dans sa jeunesse il aimait beaucoup à porter une épée au côté. Un jour qu’il était à la pêche hors de la ville, une femme qui demeurait sur l’eau lui offrit du riz à manger, « Il faudra, lui dit Han-Yu, en le prenant, qu’un jour ou l’autre je vous récompense généreusement de votre bonté. Je vous le donne par compassion, mon prince, lui répliqua la femme d’un ton un peu ironique, ainsi pourquoi m’attendrais-je à une ré-