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architecture phalanstérienne.

toutes les harmonies qui la produisent ! Vous la suspecteriez parce qu’elle se résout en un merveilleux microcosme dont toutes les parties, coordonnées entre elles, avec leurs styles variés dépendant des rapports des choses, leurs caractères propres, leurs types spéciaux, forment une manifestation archétypique du beau, de l’ordre, de l’unité universelle ?

Serait-ce donc que ce sentiment du beau, des rapports vrais, des convenances générales, place au cœur de l’homme comme un flambeau inextinguible, est une lumière fallacieuse et fausse ? Ne serait-il qu’une déception ? qu’une ironie implacable et cruelle ? — Écoutez done les sublimes enseignements de la Création, les grandes voix de la Terre et des Cieux, qui apprennent à l’homme que cet archétype ideal grave dans son âme est le Verbe éternel, incarné partout dans l’univers, et que la tâche de l’homme ici-bas est de l’incarner dans le monde sur lequel il a reçu puissance et domination.

Non ! il n’est pas de plus énergique révélation de la déviation de l’homme, pas de témoignage plus hautement accusateur de la subversion de destinée dans laquelle il est plongé, que cette révolte de sa raison pervertie et faussée contre ses attractions natives, contre les harmonies éternelles vers lesquelles gravite sa noble nature ! La plus éclatante attestation synthétique du mal social, c’est bien que l’homme soit enfoncé dans le mal jusque là qu’il regarde ce mal comme son élément ! C’est cette fatale croyance qui a paralysé si long-temps l’intelligence humaine, qui a fait obstacle à toute hardie recherche d’une issue de Subversion en Harmonie : c’est elle encore qui, maintenant qu’un homme, par une incroyable puissance de génie, a trouvé cette issue, fait dire des paroles de cet homme, comme les Troyens des paroles de la prophétesse inspirée : « Rêve et mensonge, délire et folie ! »