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description du phalanstère.

Il est sensible que le centre du palais en sera la partie la plus somptueuse : aussi les appartements chers, très richement ornés et princièrement établis, bordent-ils le grand jardin d’hiver, fermé, derrière la Tour d’ordre, par les replis carres du corps redoublant. Les appartements plus modestes s’échelonnent dans les ailes et les ailerons.

Toutefois, l’Harmonie, sans viser à une égalité contraire à tout ordre naturel et social, opère toujours la fusion des classes et le mélange des inégalités. Pour cela faire on réserve, dans cette distribution générale, un engrenage qui empêche et prévient jusqu’au moindre germe de déconsidération d’un quartier : on introduit, dans le centre et aux alentours, des logements de prix modique, on en reporte de plus chers sur les extrémités. — D’ailleurs, les variétés de goûts, d’humeurs et de caractères dispersent encore les différentes classes de fortune dans tous les corps de bâtiments du Phalanstère, et l’on n’y voit pas un faubourg Saint-Marceau à côté d’un faubourg Saint-Germain.

Les grands espaces laissés entre les bâtiments forment des cours plantées, rafraîchies par des bassins et affectées à différents services. Elles sont ornées de plates-bandes et de parterres intérieurs. Les statues y foisonnent et s’y détachent en blanc de marbre sur les massifs de verdure.

Dans le grand carré central s’étale le jardin d’hiver, planté d’arbres verts et résineux, afin qu’en toute saison on s’y puisse récréer les yeux. Tout à l’entour circulent un ou deux étages des serres précieuses, dont on peut combiner l’arrangement avec celui des grandes galeries et des salles de bain. — C’est le jardin le plus riche, le plus luxueux de tous les jardins de la Phalange ; il forme une promenade élégante, abritée et chaude, ou les vieillards et les convalescens se plaisent à respirer l’air et le soleil. (Je n’ai pas figuré, dans la perspective géométrique, les arbres des cours et des jardins, afin de ne pas nuire à l’intelligence de la disposition architecturale.)