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— Mon Carreras, sous couleur de politique et de libéralisme, était un coquin de la plus vile espèce et avait fait du malheureux état de Mendoza la proie des bandits, des voleurs, des traîtres et des assassins qui constituaient son parti. C’était, sous un extérieur noble, un homme sans cœur, sans pitié, sans honneur et sans conscience. Il n’aspirait à rien qu’à la tyrannie, et se fût volontiers servi de Gaspar Ruiz pour mener à bien ses néfastes projets, s’il ne se fût bientôt avisé qu’une entente avec le gouvernement chilien seconderait plus favorablement ses desseins. Je rougis d’avouer qu’il proposa à notre Gouvernement de livrer, moyennant certaines conditions, la femme et l’enfant de l’homme qui avait eu foi en son honneur… et que cette offre fut agréée.

A mi-chemin de Mendoza, dans la Passe de Pequeña, la jeune femme, trahie par son escorte de Carreristes, fut livrée au commandant d’un fort chilien du plateau intérieur, au pied de la grande chaîne des Cordillères. Cette atroce transaction eût pu me coûter cher, car je me trouvais prisonnier au camp de Gaspar Ruiz, lorsqu’il en reçut la nouvelle. J’avais été pris au cours d’une reconnaissance, et les hommes de ma patrouille