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PRÉFACE


leur politique et raconté la véritable histoire de cette croisade aventureuse.

Il est un autre chroniqueur moins original que Robert de Clari, et qui a mérité pourtant d’être associé à Geoffroi de Ville-Hardouin, depuis que dont Brial en a fait connaître, il y a près de cinquante ans, le nom et les récits. Henri de Valenciennes, si l’on en croyait son premier éditeur, ne serait pas contemporain de celui dont il a continué l’histoire. Et pourtant, comment ne pas ajouter foi à sa parole, quand il affirme avoir vu tous les faits de ses propres yeux, avoir su tous les conseils des hauts hommes et des barons ? Loin d’adopter les doutes de dom Brial, M. Buchon s’est demandé si Henri de Valenciennes ne serait pas l’empereur Henri de Constantinople, qui aurait entrepris de raconter ses propres exploits. Sans s’arrêter plus que lui à cette supposition, peu vraisemblable, il faut du moins l’approuver quand il accorde toute confiance aux faits contenus dans cette chronique. M. Paulin Paris n’hésite pas non plus à en garantir la parfaite authenticité ; seulement, pour en expliquer la forme romanesque, il ne serait pas éloigné d’admettre qu’elle dut être d’abord écrite en vers, et faire partie de quelque chanson de geste. Je n’ose pas aller jusque-là, et je me contente d’y reconnaître, avec le savant académicien, les longs discours et les minutieuses descriptions qui retardent trop souvent la marche de ces vieux poèmes. Mais de tels défauts ne sauraient autoriser à contester l’exactitude et la sincérité de Henri de Valenciennes ; ils doivent seulement nous faire apprécier d’autant plus la noble simplicité qui règne dans l’histoire de Geoffroi de Ville-Hardouin.

Puisse-t-il en subsister quelque chose dans la demi-traduction que j’offre aujourd’hui aux lecteurs bienveillants qui ont accueilli celle de Joinville ! De telles tentatives ont pour excuse le désir de propager des livres excellents, mais trop peu lus, et qui seraient depuis longtemps populaires si tous ceux qu’ils doivent intéresser les avaient pu comprendre. Je ne promets pas de vous rendre ici le