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voir exécutif ſur la nomination des membres du Conſeil, ſeroit une inſtitution dangereuſe, qui n’auroit d’autre effet que de les rendre ſuſpects à la Nation.

L’influence que d’autres voudroient donner aux Aſſemblées Provinciales, ſur les mêmes élections, ſeroit un germe d’ariſtocratie.

D’ailleurs l’eſpèce de cenſure qu’exerceroit le Conſeil ſur les réſotutions des Repréſentans de la Nation ſemble exiger qu’il ſoit formé de membres élus par elle.

Une élection immédiate eſt impoſſible, & les électeurs nommés par la Nation, peuvent auſſi bien choiſir que le Conſeil du Prince, ou l’Aſſemblée chargée d’adminiſtrer une Province. L’intérêt inſpire plus de mauvais choix que l’ignorance, & de tous les hommes, ceux qui choiſiront le mieux ſeront ceux qui chargés de cette fonction unique n’auront d’honneur, d’importance à eſpérer que par la bonté de leurs choix.

On a parlé d’un Sénat à vie ; il me paroît que toute place & vie qui n’a point de fonctions individuelles eſt le tombeau de l’émulation & facilite la corruption. On ne