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l’influence de la révolution

assez sur le nombre des soulèvements ; considérons en maintenant les causes, la marche et les effets.

Le soulèvement de Massachusets doit son origine à une suite de circonstances malheureuses, accumulées depuis longtemps, dont la crise est devenue insupportable par les levées d’argent considérables auxquelles un changement subit de situation a donné lieu. Cette crise passée, le cours naturel des révolutions humaines fait espérer que la même catastrophe n’arrivera plus.

Le mal occasionné par le soulèvement a consisté dans la suspension momentanée de quelques tribunaux, et dans une rencontre où, comme on a déjà dit, quatre des séditieux ont été tués et plusieurs blessés, et il se terminera par le supplice de trois ou quatre autres qui, suivant toute vraisemblance, seront destinés à servir d’exemple. Qu’est-ce que tout cela, en comparaison de ce qui se passe dans les soulèvements d’Angleterre ? Quelle différence avec les effets de la seule émeute de lord Gordon ! Cet événement ne fut amené par aucun malheur, et l’objet qu’on se proposait était seulement de forcer le parlement à révoquer un acte de justice. Les suites du soulèvement arrivé à Glasgow, il y a environ deux mois, dont on parle à peine, ont été beaucoup plus fâcheuses que celles du soulèvement arrivé dans l’État de Massachusets, dont on fait tant de bruit en Europe, comme si tout y était en combustion, puisqu’à Glasgow, outre que l’on compte parmi les séditieux cinq morts et plusieurs blessés, il y eut encore de blessés le premier magistrat de