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d’amérique sur l’europe.

peu d’importance, ou à supposer de la faiblesse dans le gouvernement.

Le soulèvement de Massachusets a fourni matière, en Europe, à des déclamations contre les gouvernements populaires. Nous disons des déclamations, et non des raisonnements, puisque la réflexion aurait fait voir à ceux qui les ont composées, que ce soulèvement prouve la bonté des gouvernements populaires, sous quelque point de vue qu’on les envisage.

Depuis onze ans que les treize gouvernements américains subsistent, un seul a vu naître un soulèvement, et c’est celui dont je viens de parler. Supposons que la même chose arrivât successivement dans les autres États après un même espace de temps, il faudrait, pour qu’il en arrivât un dans chacun, un laps de cent quarante-trois années. Dans quels autres gouvernements les soulèvements ont-ils été aussi rares ? Si l’on jette les yeux sur l’histoire des gouvernements asiatiques, on verra que le despotisme le plus terrible n’a pu les empêcher. Qu’on choisisse parmi les gouvernements despotiques, monarchiques et mixtes, trois des plus connus ; par exemple, ceux de Constantinople, de France et d’Angleterre ; qu’on examine les soulèvements arrivés dans chacun d’eux, je ne dis pas dans l’espace de cent quarante-trois ans, mais seulement dans les onze dernières années ; qu’on les compare ensuite avec tout ce qui s’est passé d’événements de ce genre dans les États-Unis, on conviendra que, durant cette époque, il a régné chez nous, relativement aux autres nations, une tranquillité profonde. J’en ai dit