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d’amérique sur l’europe.

un terme, avant lequel les terrains nouvellement défrichés n’y seraient pas assujettis. Le peu de numéraire des Américains n’est pas une objection, parce que non-seulement en Amérique, où l’impôt est très-faible, mais chez les nations les plus chargées de subsides, le numéraire en métaux ou en billets nécessaire pour solder l’impôt, est une très-petite partie de celui qui sert aux opérations de commerce et aux usages de la vie.

Si on parcourt l’histoire de l’administration des États-Unis depuis la déclaration de l’indépendance, on ne trouvera point dans tous les États des constitutions également bien combinées. Il n’en est point où l’on ne puisse observer quelques défauts ; toutes les lois établies depuis l’acte d’indépendance ne sont pas également justes et sages, mais aucune partie de la législation politique, delà législation criminelle, n’offrira d’erreurs grossières, de principes oppresseurs ou ruineux. Au contraire, dans les opérations de finance et de commerce, presque tout annonce une lutte constante entre les anciens préjugés de l’Europe et les principes de justice et de liberté si chers à cette nation respectable ; et souvent les préjugés ont obtenu la victoire.

Cependant, en convenant de ces défauts, l’amour des Américains pour l’égalité, leur respect pour la liberté, pour la propriété, la forme de leurs constitutions, empêcheront sans doute d’y établir jamais ni ces prohibitions, ou absolues ou indirectement ordonnées par l’établissement de droits énormes, ni ces priviléges exclusifs de commerce, ni ces mono-