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introduction.

Suivant qu’elles seront constituées, elles peuvent être animées de l’esprit public ou d’un esprit aristocratique, devenir des corps isolés dans l’État, ou rester les représentants des citoyens.

La vérité des décisions d’une assemblée dépend de la forme suivant laquelle elles sont rendues, autant, peut-être, que des lumières de ceux qui la composent. C’est encore de cette forme que dépendent son activité et l’unité de ses opérations. Est-elle vicieuse, un corps animé des intentions les plus pures peut, par la lenteur et l’incohérence de ses opérations, devenir lui-même un obstacle plus grand à la destruction des abus, que la corruption et l’ignorance d’un administrateur. Enfin, si ce corps n’est pas guidé par des principes sûrs, ses erreurs peuvent être plus funestes à la nation qu’il représente, que l’abus du pouvoir dans les mains d’un agent unique.

Quel homme, ayant réfléchi sur les principes de la constitution des assemblées représentatives, et sur ceux de l’économie politique, voyant qu’il s’agit du bonheur de tout un peuple, et de ce bonheur pendant une longue suite de générations, sachant enfin qu’une seule erreur peut produire des maux qui, d’abord insensibles, ne commenceraient à frapper les regards que lorsqu’ils seraient sans remède, pourrait se permettre de garder un silence timide, et céder à la crainte d’offenser quelques préjugés ? Quel