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l’influence de la révolution

de nous tout l’appui que nous pouvons lui donner. Je me flatte qu’aucune ne refuseront de la signer[1]. S’ils refusaient, ils me rappelleraient l’histoire de cette jeune Française qui, querellant sans cesse avec tout le monde, et trouvant à redire à tout, observa un jour à sa sœur qu’elle était étonnée de n’avoir encore trouvé qu’elle seule qui n’eût jamais tort[2].

« La crainte d’accorder trop de pouvoir au congrès a produit le défaut qui se rencontre dans la première constitution fédérative, et vraisemblablement c’est le tort qu’on en a ressenti qui aura fait passer les bornes sur cet objet aux rédacteurs de la seconde. Ils ont espéré sans doute que, quand il s’agirait de l’adopter dans les assemblées législatives des États respectifs, on reviendrait un peu sur ses pas, et qu’on rédui-

  1. Trois députés, deux de Virginie et un de New-York, qui ne crurent pas convenable de signer, sortirent de l’assemblée pour ne pas empêcher l’unanimité. Quant à l’État de Rhode-Island, il n’y a pris aucune part, et je ne dirai rien des motifs qu’on lui prête. En jetant un coup d’œil sur la carte de ce pays, on se convaincra que cet État ne pourrait pas être d’un grand poids de l’autre côté de la balance, et la règle des probabilités porte à croire que la portion la plus saine de ses concitoyens aura bientôt acquis la prépondérance, puisqu’il ne faut pas une pénétration extraordinaire pour concevoir que son existence dépend de son union avec les républiques alliées ; et qu’à défaut de cette union, la protection d’une puissance étrangère ne pourrait empêcher sa ruine. On compte dans l’État de Rhode-Island environ soixante mille habitants.
  2. La duchesse de la Ferté disait un jour à mademoiselle de Launai, depuis madame de Stal : « En vérité, ma chère fille, je ne vois que moi qui aie toujours raison. »

    (Mémoires de madame de Stal.)