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l’influence de la révolution

de joindre à l’impôt direct une modique taxe sur les marchandises étrangères, non-seulement pour augmenter le revenu public, mais encore pour obliger le consommateur à faire le moins d’usage possible de ces marchandises, puisque sans beaucoup d’économie à cet égard le produit de nos exportations ne peut suffire pour contrebalancer ce qu’elles coûtent, et payer la dette déjà existante ; de là vient qu’il faut que nous fassions sortir de chez nous notre numéraire, ce qui nécessairement entraîne une perte dans le change et l’impossibilité de payer les impôts.

Notre situation exige donc que nous fassions quelques exceptions aux principes généraux. Mais il serait à propos que le préambule de chaque loi qui établirait l’exception, en exposât les motifs, afin de convaincre le peuple que c’est un mal nécessité par les circonstances, et de lui en faire apercevoir le terme, qu’il serait naturellement empressé d’accélérer.

La lettre du président de la convention au président du congrès insinue clairement que ces hommes sages et judicieux, en proposant aux États ce système de législation, ont cru leur offrir, non le plus parfait, mais le meilleur possible dans les circonstances actuelles. Le lecteur en verra la preuve d’une manière plus positive dans les réflexions qu’adressa le docteur Franklin à ses collègues, le dernier jour de la session. Lorsqu’il ne s’est plus agi que de signer le projet de constitution, tel fut à peu près le discours qu’il leur fit. Quiconque connaît son style, n’aura pas de peine à croire que ce discours, ou fut copié sur-le-champ