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d’amérique sur l’europe.

être aucun qui l’ait cru exempt d’imperfections.

De loin il est difficile d’apercevoir les causes particulières qui s’opposent aux principes généraux. Le lecteur qui connaît les vrais principes de législation et de gouvernement, me blâmera de n’avoir fait aucune objection sur le pouvoir accordé au congrès de régler le commerce et de lever des sommes d’argent dans les États respectifs. Il n’est pas douteux que le commerce ne doive être parfaitement libre, et à l’abri de tout impôt. Il est certain également que le congrès devrait fixer la quantité des contributions, et en faire la demande, sans avoir d’autre droit que celui de contraindre au payement, d’après des formes régulières et déterminées d’avance par la loi. Mais les circonstances où nous nous trouvons demandent qu’il ait pendant quelque temps le droit de lever un impôt direct, et de mettre quelques taxes sur les marchandises étrangères. On devrait bien limiter ce temps ; car les raisons qui obligent de s’écarter des principes généraux doivent avoir un terme, lorsqu’elles ne proviennent pas d’un besoin absolu, produit par la situation du pays : par exemple, un impôt direct sur les biens-fonds ne pourrait être le seul revenu du gouvernement dans l’État de Gênes, où la nature, au lieu de terres, ne présente pour ainsi dire que des rochers ; ni dans l’État de Hollande, où, de tous les côtés, elle offre des masses d’eau.

Chez nous, tant que le vil prix des terres empêchera l’établissement des manufactures, ou du moins tant que les dettes étrangères, particulières et publiques ne seront pas éteintes, il sera convenable