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d’amérique sur l’europe.

mais ils ne formeront la hase d’un édifice bien solide. Il faut donc se déterminer, soit pour un parti, soit pour l’autre. Les principes doivent être fixes et certains, et tout doit tendre à les soutenir. Il serait à désirer que les États fussent égaux, ou que l’inégalité fût légère ; mais puisqu’il n’en est pas ainsi, du moins faut-il faire en sorte de diminuer les inconvénients, au lieu de les accroître. La question est certainement difficile à résoudre. La force des arguments qu’on fit valoir pour et contre dans le congrès, en 1777, laissa dans l’indécision les esprits sages et non prévenus. Le besoin de l’unanimité porta ces grands hommes à se réunir en faveur de l’égalité des voix, et la convention vient d’adopter cet expédient, dont je crains les conséquences. Quiconque trouverait la vraie solution, et la présenterait d’une manière claire et décisive, rendrait un grand service à l’Amérique, et peut-être même à l’Europe, où les progrès considérables de la philosophie donnent lieu d’espérer de voir un jour s’établir une confédération, qui pourrait diminuer infiniment les maux de l’humanité.

§ 6. Les sénateurs et les représentants recevront pour leurs services des émoluments qui seront fixés par la loi, et payés sur le trésor des États-Unis. Les lois de l’Union sont faites par le congrès. J’espère qu’on ne lui permettra jamais de fixer son propre salaire. Il en pourrait résulter un abus dangereux pour l’avenir, et trop de zèle produirait peut-être, quant à présent, l’effet contraire, c’est-à-dire, un trop grand désintéressement ; deux extrêmes qu’on