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l’influence de la révolution

de leur nature, et ne peuvent être justifiées que par la nécessité. L’autre distinction entre le sénat et la chambre des représentants, à l’égard de l’influence des différents États, est une source de discorde. On a déjà vu que le nombre des représentants doit être proportionné au nombre d’habitants, et que chaque représentant doit avoir une voix comme chaque sénateur. Examinons le motif sur lequel on fonde l’égalité dans un cas, et la différence dans l’autre.

Plusieurs sont d’avis que l’influence d’un État dans les affaires de l’Union doit être en proportion des contributions qu’on y paye ; d’autres pensent qu’on doit préférer l’égalité parfaite, sans égard à sa grandeur, non plus qu’à sa population. Jusqu’à présent, tous les États ont eu chacun une voix, et la constitution qui vient d’être proposée suit le même principe relativement au sénat, en adoptant l’autre pour la chambre des représentants. L’influence de la Virginie, comparée avec celle de Rhode-Island et de Delaware, sera donc comme dix à un dans la chambre des représentants, et sera parfaitement égale dans le sénat ; et, comme les résolutions de l’un de ces corps doivent être soumises à l’approbation de l’autre, il n’est pas vraisemblable qu’un tel expédient produise l’effet qu’on en espère : si les États moins grands se croient lésés par une résolution des représentants, ils la rejetteront dans le sénat.

On a tort de se flatter de pouvoir concilier des principes opposés. De tels expédients serviront peut-être quelquefois comme remèdes momentanés, ja-