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l’influence de la révolution

il ne s’ensuivrait pas que la même chose dût avoir lieu dans une constitution fédérative. La lettre dont je viens de parler tâche de justifier cette complication, sur ce que, dit-elle, il n’est pas convenable de confier tant de pouvoir à un seul corps. Il serait aussi difficile de prouver que la complication du système formerait une digue suffisante, qu’il est aisé de démontrer que le pouvoir législatif nécessaire peut résider, sans aucun danger, dans une seule chambre. Cette crainte, qui peut séduire lorsqu’il s’agit d’un véritable corps législatif, ne peut sérieusement être alléguée ici, 1° parce que le pouvoir d’un congrès fédératif est de sa nature beaucoup plus limité que celui d’un corps législatif ; ce qui rend le danger moins grand ; 2° parce que la réunion de toutes les parties de ce congrès est plus facile ; qu’il forme un corps bien plus séparé des citoyens ; ce qui rend le remède moins efficace.

Le lecteur découvrira sans peine, ici comme ailleurs, différentes raisons non exprimées ou simplement indiquées, dont la discussion allongerait trop ce supplément.

§ 2. La chambre des représentants sera composée de membres élus par le peuple des différents États.

Dans la plupart des États, le peuple, persuadé que la portion la plus nombreuse des habitants d’un État ne peut connaître assez bien quels sont les sujets les plus dignes de remplir certains emplois dans la république, en a prudemment abandonné le choix à ses représentants. Le même peuple ne s’imaginera pas, sans doute, pouvoir faire un meilleur choix,