Page:Conan - Physionomies de saints, 1913.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
SAINTE PERPÉTUE ET SAINTE FÉLICITÉ

pétue semble avoir été chrétienne, à l’exception de son père. Fort attaché au paganisme, il aimait passionnément sa fille, et, aussitôt après son arrestation, mit tout en œuvre pour la faire apostasier. La voyant inébranlable, il s’emporta jusqu’à se jeter sur elle pour lui arracher les yeux, mais, dit la sainte, il se contenta de me maltraiter.

Les cinq catéchumènes furent d’abord enfermés dans une maison particulière. C’est là qu’ils reçurent le baptême. « Au sortir de l’eau, dit Perpétue, le Saint-Esprit m’inspira de ne demander autre chose que la patience dans les tourments ». Ses compagnons, sans doute, ne songèrent pas plus qu’elle à implorer une mort douce. Ô prières des martyrs ! ô prières sacrées, les plus généreuses, les plus nobles qui soient jamais montées de la terre au ciel !

Peu après, on conduisit les chrétiens en prison. Les prisons romaines étaient d’affreux cachots : « Je fus effrayée, dit Perpétue, car je n’avais jamais vu une obscurité pareille. Oh ! que ce jour me dura ! quelle horrible chaleur ! On y étouffait, tant on était pressé ! Ajoutez qu’il nous fallait à tout instant essuyer les insolences de nos gardes. Mais ce qui me causait le plus de peine, ajoute la jeune mère, c’est que je n’avais pas mon enfant. À force d’argent, les diacres Tertius et Pomponius obtinrent qu’on nous mît, pour quelques heures, dans un lieu où nous fussions plus au large, et là nous pûmes respirer ».

On le sait, dès que les martyrs étaient arrêtés, ils devenaient pour leurs frères des êtres sacrés. Ceux qui pouvaient les approcher baisaient avec respect leurs chaînes et il y avait des diacres chargés de les visiter et de les soulager.

La mère et le frère de Perpétue vinrent la voir et lui apportèrent son petit enfant. La sainte dit qu’il était déjà tout pâle, tout languissant. Elle consola tendrement sa mère et son frère qu’elle voyait fort affligés à son sujet et leur recommanda instamment son fils. La martyre héroïque était aussi la plus tendre, la plus passionnée des mères ; elle obtint de gar-