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SAINTE AGNÈS

Si parmi nous, il est des funérailles qui exhalent une odeur de vie, quels parfums d’immortalité ne devait-on pas respirer aux funérailles des martyrs ?

Celles d’Agnès furent une fête pour tous les fidèles de Rome.

Les parents de la jeune martyre étaient chrétiens, ils bénissaient Dieu, mais, retenus par un sentiment naturel, ne pouvaient s’éloigner du tombeau de leur fille. Huit jours après sa mort, comme ils y étaient en prière, elle leur apparut triomphante, glorieuse, avec un agneau plus blanc que la neige à son côté : « Mes chers parents, leur dit-elle tendrement, ne me pleurez plus comme morte, mais réjouissez-vous avec moi et me félicitez, parce que j’habite les demeures lumineuses et que je possède dans le ciel Celui que, sur la terre, j’ai aimé de toute l’ardeur de mon âme ».

L’Église fait mémoire de cette apparition par une fête particulière.

Les plus grands docteurs ont célébré sainte Agnès avec enthousiasme. Elle est l’une des martyres dont l’Église fait toujours mémoire au saint sacrifice, l’une des rayonnantes figures qu’elle évoque partout, autour de ses autels.

« Jetez les yeux sur nous, ô Agnès, et secourez-nous. L’amour du Christ languit dans nos cœurs. Amollis par la recherche continuelle de nos aises, par une folle dépense de ce que nous appelons sensibilité, nous n’avons plus de courage en face des devoirs. N’est-il pas vrai de dire que la sainteté n’est plus comprise ? Elle étonne, elle scandalise, nous la jugeons imprudente et exagérée. Et cependant, ô vierge du Christ, vous êtes là devant nous avec vos renoncements, avec vos ardeurs célestes, avec votre soif de la souffrance qui mène à Jésus. Priez pour nous, indignes ; élevez-nous au sentiment d’un amour généreux, agissant, d’un amour qui connaisse la jalousie à l’encontre de ce qui n’est pas Dieu. Épurez cette religion tiède et contente d’elle-même qui est venue prendre la place de la piété des anciens jours ».[1]

  1. Dom Guéranger.