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SAINTE AGNÈS

les siennes, et l’encouragea avec une incomparable tendresse, jusqu’à ce que sa sainte âme eût rompu ses liens.

Ce suprême effort avait épuisé ce qui lui restait de vie. Il fallut l’emporter. À peine l’eût-on placé sur son lit que ses yeux se fixèrent, et, invoquant les doux noms de Jésus, Marie, François, le premier Tertiaire franciscain expira.



SAINTE AGNÈS

(21 janvier)

« As-tu senti le goût des éternelles amours » ?

Parmi les fronts auréolés, il n’en est pas de plus resplendissant, il n’en est pas de plus doux. Parmi les bien-aimées du Christ aucune n’a effleuré la terre d’un pied plus léger, plus rapide. Amante idéale, Agnès n’est apparue que pour aimer, que pour mourir.

C’était à l’époque glorieuse et terrible des grandes persécutions. Maîtresse du monde entier, la vieille Rome travaillait à éteindre, dans le sang, le feu apporté par le Christ à la terre. Elle y travaillait depuis trois cents ans, mais le feu inextinguible gagnait toujours. Tout ce qui brille s’effaçait devant ce feu mystérieux : il faisait pâlir tous les amours et donnait aux jeunes filles la force de mépriser les délices de la vie pour voler aux tourments et à la mort.

Agnès appartenait à une opulente et noble famille. Sa beauté était ravissante. Le fils du préfet de Rome s’en éprit. Il offrit à la jeune fille des bijoux splendides et la supplia de l’accepter pour époux.

« Un autre possède mon cœur et ma foi, répondit-elle, repoussant les cadeaux. Ne te flatte pas de la pensée d’être jamais son rival ».

Et, ravie en extase, au souvenir de son Bien-Aimé, elle se mit à louer ses perfections, à protester qu’elle