Page:Conan - Physionomies de saints, 1913.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
PHYSIONOMIES DE SAINTS

Arrivé à la maison qui lui était préparée, après s’être un peu reposé, il réunit tous ses religieux, leur recommanda fortement l’observance de leurs règles, leur demanda humblement pardon des scandales qu’il croyait avoir donnés. Ensuite il les bénit et les congédia. Puis, s’étant levé de son lit, il alla s’agenouiller devant un autel qu’on avait dressé à la hâte, suppliant les maîtres du logis de ne point troubler sa prière.

Ceux-ci se retirèrent et restèrent longtemps silencieux à la porte de la chambre. Plus d’une heure s’étant écoulée, ils commencèrent à appréhender la fatigue pour le malade.

Ils entrèrent donc doucement.

Jean de Dieu était toujours prosterné devant l’autel.

À leurs respectueux reproches, il ne répondit rien, et lorsqu’ils voulurent le relever, ils constatèrent qu’il était mort.

Comme saint Paul, le grand contemplatif du désert, Jean de Dieu était mort dans l’attitude de la prière.



CE QUI S’EST DÉJÀ FAIT PEUT SE FAIRE ENCORE


Une femme peut-elle toujours ramener son mari ?

Une femme indignement traitée par son mari a-t-elle le droit de se désintéresser de ce qui le regarde ?…

Grave question, madame. Veuillez permettre que j’y réponde par l’histoire de Suève de Montefilero, princesse italienne du XVe siècle.

Orpheline dès le bas âge, Suève fut élevée chez son oncle maternel, le prince Colonna, et reçut à Rome même l’éducation la plus soignée, la plus brillante.

Elle avait à peine quinze ans quand on la maria au seigneur de Pésaro, Alexandre Sforza, lequel était veuf de Constance Varani, fille du duc de Camermo, dont il avait eu deux enfants.