Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 195, 1932.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’étude de la destruction nitro-sulfo-perchlorique de subtances organiques arsenicales a été effectuée sur des échantillons de 250 à 300g de foie de bœuf additionnés de 1mg à 4g As sous forme organique. La technique utilisée était voisine de celle que j’ai précédemment décrite[1] : la principale différence consistait dans l’emploi d’un mélange de 2vol ClO4 H + 1vol NO2 H au lieu de ClO4 H pur. L’opération était effectuée dans un appareil en pyrex assemblé par rodages et permettant de condenser les vapeurs émises. Le liquide aqueux condensé est riche en dérivés nitrés et il contient une faible quantité de produits organiques, tels que des acides gras, entraînables par la vapeur d’eau.

La recherche de l’As dans ce distillat doit être précédée d’une évaporation et d’une destruction des matières organiques. Or, on sait, à la suite des recherches classiques d’A. Gautier et de celles de G. Bertrand, quelles précautions minutieuses il faut prendre pour se mettre à l’abri des erreurs d’interprétation dues à l’impureté des réactifs. Aussi n’ai-je pas encore abordé cette étude à l’échelle microanalytique, et me suis-je contenté pour l’instant du test au réactif hypophosphoreux de Bougault, qui me semble être assez sensible pour permettre d’établir la légitimité d’application d’une méthode toxicologique.

La destruction nitro-sulfo-perchlorique a donné lieu à la distillation de quantités de produits arsenicaux pouvant devenir considérables lorsque la phase nitro-sulfurique de la réaction telle que je l’ai décrite (loc. cit.) est tant soit peu prolongée. En revanche, moyennant quelques précautions destinées à éviter que le milieu devienne très réducteur, et dont le détail figurera dans un autre Recueil, l’arsenic introduit a été retrouvé quantitativement dans le ballon-laboratoire, et le liquide distillé, concentré en présence de SO4 H2 + ClO4 H, n’a donné aucune coloration par action du réactif de Bougault.

Il résulte de ces expériences qu’il est légitime d’envisager la recherche et le dosage toxicologiques de l’arsenic après minéralisation nitro-sulfo-perchlorique des viscères.

II. La même méthode peut évidemment être utilisée en chimie analytique pour le dosage de l’arsenic organique. Les méthodes classiques exigent, soit une destruction par voie sèche, dont les désagréments sont bien connus, soit une attaque nitro-sulfurique ou permanganique, très longue et d’une efficacité parfois imparfaite.

  1. E. Kahane, Bull. Soc. Ch. biol., 14, 1932, p. 294-304.

    C. R., 1932, 2e Semestre. (T. 195, N° 1.)