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dans un terrain de grès bigarré (bunte sandstein), entre le village de Hesberg et la ville de Hildburghausen, sur le revers du Thuringer Wald, on a reconnu des empreintes de pieds de grands animaux plantigrades, qui ont traversé la surface encore molle de la roche en différentes directions. Un savant distingué, M. Sickler, a eu le mérite de faire connaître le premier ces traces, dans une lettre adressée à M. Blumenbach. Cette lettre n’est sans doute pas restée inconnue en France : elle offrait le dessin des empreintes de pieds du quadrupède antédiluvien. Ce dessin a été gravé une seconde fois dans les Archives zoologiques de M. Wiegmann (No I, p. 127), auteur de la belle Description des Sauriens du Mexique. La petite dimension et l’imperfection de la gravure de M. Sickler, faisaient d’abord naître des doutes : plusieurs géologues pensaient que des formes de concrétions accidentelles, comme le muschelkalk et le bunte sandstein en offrent souvent, pouvaient avoir été prises pour des traces en relief, moulées pour ainsi dire dans le creux de l’empreinte. Ces doutes ont disparu dans l’esprit des géologues qui ont vu la grande pierre de 10 à 12 pieds de long sur 3 ou 4 de large, que vient d’acquérir le cabinet de Minéralogie de Berlin, et dont je vous offre un dessin exécuté avec beaucoup de soin, sous la direction de M. Weiss, directeur du cabinet. Pour présenter le phénomène avec plus de clarté, je n’ai fait dessiner que la trace qu’a laissée un seul individu, du grand nombre de ceux qui ont traversé le fragment de roche. M. Weiss a distingué, parmi ces animaux, ceux à petite taille, au nombre de trois ou quatre espèces différentes. La route qu’ont suivie ces petites espèces, croise presque à angle droit celle du grand mammifère. Ce dernier est remarquable surtout par l’inégalité de dimensions qu’offrent les extrémités antérieures et postérieures. Toutes ont cinq doigts ; l’animal appartient très probablement à l’ordre des Marsupiaux ou animaux à bourse. M. Wiegmann l’a comparé au Didelphes, mais la conformation des doigts de l’extrémité postérieure, diffère considérablement des genres Didelphes, Kangourou et Wombat à pouce presque rudimentaire. Nous possédons à Berlin la roche du toit ; les empreintes se présentent par conséquent en relief. Celles des pieds de derrière offrent un pied extrêmement charnu. L’animal y semble avoir appuyé de tout son poids : sa marche ressemble à celle de l’ours ; elle est à l’amble ; la petite extrémité antérieure droite est donc placée très régulièrement tout près du pied droit postérieur ; même aux pieds de devant, le pouce est séparé des quatre autres doigts, presque comme dans un quadrumane. L’animal rappelle assez la forme des Phalangers dont le Musée de Leyde possède