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encore. « Il est heureux, disait-elle, que je se sois pas superstitieuse… sans cela, je me serais crue prédestinée à rencontrer le Spectre. »



CHAPITRE IV.

Arrêtés au bord.


La première nuit passée à Porthgenna ne fut troublée ni par le moindre bruit, ni par aucune autre espèce d’interruption. Ni fantôme, ni même rêve de fantôme, ne porta dommage au profond sommeil de Rosamond. Elle s’éveilla gaie et bien portante, comme à l’ordinaire, et, bien avant le déjeuner, elle se promenait déjà dans les jardins de l’ouest.

Le ciel était couvert de nuages, et le vent sautait capricieusement, de minute en minute, à tous les points du compas. Dans le cours de sa promenade, Rosamond, venant à rencontrer le jardinier, lui demanda ce qu’il augurait du temps. Cet homme lui répondit qu’il pourrait bien pleuvoir encore avant midi, mais que, sauf erreur, dans les vingt-quatre heures suivantes on aurait de la chaleur.

« Dites-moi, je vous prie, si jamais vous avez entendu parler d’une chambre sise dans le pavillon nord de notre vieille maison, et qui s’appellerait la chambre aux Myrtes, » lui demanda Rosamond. Elle s’était bien promis, à son lever, de ne perdre, pour la découverte du grand Secret, aucune des chances que pouvaient lui donner des questions assidues, faites à tort et à travers, dans tout le voisinage.

Le jardinier était venu lui fournir sa première expérience.

« Jamais je n’ai entendu rien de pareil, madame, répondit cet homme ; mais le nom ne manque pas de vraisemblance, vu que les myrtes deviennent très-beaux dans ces parages.

— Existe-t-il des myrtes dans la partie des jardins située au nord ? demanda Rosamond, frappée de cette pensée que peut-être elle découvrirait la chambre mystérieuse en la cherchant, non pas au dedans, mais à l’extérieur de l’édifice… Je veux dire, comprenez-moi bien, tout près des murailles, au-dessous des fenêtres…