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soin, si cela est, d’insister ici sur les calomnies dont j’ai souffert, souffert injustement, je l’affirme de la manière la plus positive. Vous devez savoir, tout aussi bien que moi, quelles suppositions entrèrent dans la tête de mon mari, quand il découvrit que nous avions, le beau gentleman et moi, des entrevues secrètes, des causeries mystérieuses. Mais vous ignorez, en revanche, comment se dénouèrent ces relations suspectes entre moi et mon amoureux prétendu. Continuez à lire ; vous verrez quelle fut sa conduite.

Quand je vis le tour qu’avaient pris les choses, les premières paroles que je lui adressai furent celles-ci : — « Faites-moi justice ! — Enlevez à ma réputation cette souillure que, vous le savez, je n’ai jamais méritée. Je n’ai pas besoin, je n’exige pas que vous fassiez à mon mari des révélations complètes ; — engagez-lui seulement votre parole de gentleman qu’il se trompe complètement, et que je n’ai nullement encouru le blâme dont il croit pouvoir me flétrir. Rendez-moi du moins cette justice, en échange de tout ce que j’ai fait pour vous… » Il me refusa tout net, et sans périphrases. Il me dit, tout simplement, qu’il avait intérêt à laisser dans leur erreur mon mari et tous ses voisins, — parce que, tant qu’elle durerait, ils n’en viendraient jamais, bien certainement, à soupçonner la vérité. Je ne manquais pas de résolution, et je lui répondis que je me chargeais de la leur dire moi-même, cette vérité menaçante. Sa réplique fut courte et allait au but — « Je n’avais qu’à parler, et en le perdant, je me perdais. »

Oui vraiment ! les choses en étaient là. Il m’avait volontairement dissimulé les risques où je m’engageais en l’assistant. Il avait abusé de mon ignorance ; il m’avait tentée par ses cadeaux. Avec le récit de sa vie il m’avait intéressée, et le résultat de tout cela, c’est que j’étais maintenant la complice de son crime. Il m’avoua la chose, avec un sang-froid parfait, et termina en me disant, pour la première fois, quelle effroyable punition il avait encourue, punition réservée également à quiconque avait trempé dans son œuvre criminelle. En ce temps-là, la loi