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près d’elle, semblait redoubler d’éclat, de vivacité, de prestesse, que vous servirai-je ?… une côtelette ?…

Mistress Vesey croisa sur le bord de la table ses petites mains à fossettes, sourit tranquillement, et dit :

— Oui, chère.

— Qu’y a-t-il donc là, en face de M. Hartright ?… un poulet bouilli, n’est-ce pas ?… Vous l’aimeriez peut-être mieux que la côtelette, mistress Vesey ?…

Mistress Vesey retira du bord de la table ses mains à fossettes, qui allèrent d’elles-mêmes s’installer dans son giron ; elle détourna la tête d’un air contemplatif vers le poulet bouilli, et alors, comme devant :

— Oui, chère, répondit-elle.

— À la bonne heure ; mais que choisissez-vous définitivement ?… M. Hartright vous servira-t-il du poulet ? ou vous donnerai-je, moi, une côtelette ?…

Mistress Vesey replaça une de ses mains à fossettes sur le bord de la table ; elle hésita, comme endormie, et dit ensuite :

— Ce que vous voudrez, chère.

— Miséricorde !… mais c’est à votre goût, ma bonne dame, ce n’est pas au mien que je m’adresse. Si vous preniez tour à tour de ces deux plats ?… et si vous commenciez par le poulet ?… car M. Hartright semble brûler du désir de découper pour vous…

Mistress Vesey ramena au bord de la table son autre main à fossettes ; sa physionomie, un moment, parut sur le point de s’animer ; l’instant d’après, elle s’amortit ; alors, s’inclinant d’un air docile :

— Si vous voulez bien, monsieur, reprit-elle.

N’est-ce pas là une brave dame, bien douce, bien complaisante, tranquille et inoffensive au delà de toute expression ? Mais peut-être en voilà-t-il assez, pour le moment, sur le compte de mistress Vesey.

Miss Fairlie, pourtant, ne se montrait guère. Notre « luncheon » s’acheva sans qu’elle eût paru. Miss Halcombe, dont l’œil alerte ne laissait rien échapper, prit note des regards que, de temps en temps, je jetais du côte de la porte.