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Sur le voyage que je comptais faire à Welmingham, elle me parut partager l’opinion que m’avait déjà exprimée mistress Clements.

— Bien certainement, me dit-elle, Walter, le peu que vous avez appris jusqu’ici ne doit vous donner aucun espoir d’obtenir les confidences de mistress Catherick ? Est-il bien sage de vous porter à de telles extrémités, avant d’avoir bien réellement épuisé tous les moyens plus directs et plus sûrs d’en arriver à ce que vous désirez ? Quand vous me disiez que sir Percival et le comte étaient les deux seuls êtres vivants qui connussent la date exacte du voyage de Laura, vous avez oublié, j’oubliais moi-même qu’il existe une troisième personne à qui cette date est certainement connue ; — c’est de mistress Rubelle que je veux parler. Ne serait-il pas beaucoup plus facile et beaucoup moins dangereux d’insister pour obtenir d’elle une confession complète, que de prétendre arracher cet aveu à sir Percival ?

— Cela, répliquai-je, pourrait être beaucoup plus facile ; mais nous ne savons pas au juste jusqu’où va la connivence de mistress Rubelle, et l’intérêt qu’on lui a donné dans le complot ; nous ne sommes donc pas certains que la date soit restée gravée dans sa mémoire, comme elle l’est, bien certainement, dans celle de sir Percival et du comte. Il est maintenant trop tard pour perdre avec mistress Rubelle le temps précieux que nous pouvons employer à découvrir, dans la vie de sir Percival, ce côté faible qui nous la livrera tout entière. Ne tenez-vous pas compte un peu trop sérieusement, Marian, du danger auquel je m’expose en retournant dans le Hampshire ? Ne commencez-vous pas à croire que sir Percival Glyde pourrait bien se trouver, en somme, un antagoniste au-dessus de mes forces ?

— Il ne sera pas au-dessus de vos forces, répondit-elle d’un ton décidé, parce qu’il n’aura pas, pour lutter contre vous, l’aide puissante que lui prêterait l’impénétrable méchanceté du comte.

— Et d’où tirez-vous cette conclusion ? lui demandai-je un peu surpris.