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pée de savoir si je lui apportais quelques nouvelles d’Anne Catherick.

Il m’était impossible de lui dire toute la vérité sans entrer en même temps, au sujet du complot, dans des détails qu’il eût été dangereux de confier à un étranger. Je ne pouvais donc que m’abstenir très-soigneusement d’éveiller en elle de trompeuses espérances, et lui expliquer ensuite que ma visite avait pour objet de découvrir à qui on devait réellement demander compte de la disparition d’Anne Catherick. J’ajoutai même, de façon à éviter pour l’avenir tout reproche de ma propre conscience, que je n’avais pas la moindre espérance de pouvoir la retrouver jamais ; que probablement nous ne la reverrions plus, vivante ; et que, dans cette affaire, j’avais surtout à cœur de provoquer la punition des deux hommes que je soupçonnais de s’être entendus pour la faire tomber dans un piége, et qui, de plus, m’avaient causé un tort grave, ainsi qu’à certaines personnes de mes amies. Moyennant cette explication, je laissais à mistress Clements le soin de décider si, malgré la différence de nos motifs, notre intérêt n’était pas le même ; et si elle voyait quelque inconvénient à servir mes projets en me donnant, pour faciliter mes recherches, toutes les informations dont elle pouvait disposer.

La pauvre femme, tout d’abord, se trouva trop émue, trop agitée pour comprendre parfaitement ce que je lui disais. Elle m’assurait seulement qu’en retour des bontés que j’avais eues pour Anne Catherick, elle était toute disposée à ne me rien celer de ce qu’elle savait. Mais elle ajoutait que n’ayant pas l’esprit très-prompt, ni l’habitude de parler à des personnes étrangères, elle me serait obligée de la mettre en bon chemin, et lui dire par où je souhaitais qu’elle commençât.

Sachant d’expérience que le récit le plus clair à tirer de personnes peu habituées à classer leurs idées, est celui qui remonte assez loin pour leur épargner l’embarras de revenir, dans le cours de la narration, sur des événements antérieurs à ceux qu’elle embrasse, je demandai à mistress Clements de me raconter, tout d’abord, ce qui