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c’est-à-dire, je vous demande, je vous prie de m’apprendre ce que cela veut dire !

— Cela veut dire, répliqua-t-il, que miss Halcombe s’est trouvée assez forte, hier matin, pour se lever et se faire habiller ; cela veut dire qu’elle a voulu profiter de ce que Fosco se rendait à Londres pour y aller, elle aussi.

— Londres ?

— Oui… et de là gagner Limmeridge…

Lady Glyde se tourna vers moi.

— Vous avez vu en dernier lieu miss Halcombe, me dit-elle. Dites-le-moi positivement mistress Michelson, vous semblait-elle en état d’entreprendre un voyage ?

— Non, milady, du moins autant que j’en puis juger…

Sir Percival, à son tour, m’interpella de même assez brusquement.

— Avant de partir, dit-il, n’avez-vous pas fait remarquer à la garde que miss Halcombe vous paraissait beaucoup mieux, beaucoup plus forte ?

— J’ai certainement fait cette remarque, sir Percival…

À peine avais-je articulé ces mots, il reprit la parole, s’adressant à milady.

— Mettez loyalement dans la balance, lui dit-il, les deux opinions de mistress Michelson, diamétralement contraires l’une à l’autre, et tâchez d’envisager raisonnablement une circonstance toute simple. Si votre sœur n’avait pas été assez bien pour qu’on pût la transporter, pensez-vous donc qu’aucun de nous eût hasardé de la laisser partir ? Elle a, pour veiller sur elle, trois personnes parfaitement compétentes, — Fosco, votre tante, et mistress Rubelle qui, tout exprès, est partie avec eux. Ils ont pris hier un compartiment tout entier, et sur l’une des banquettes on a fait un lit pour elle, prévoyant qu’elle pourrait se sentir fatiguée. Aujourd’hui Fosco et mistress Rubelle doivent l’accompagner eux-mêmes dans le Cumberland.

— Pourquoi Marian s’en va-t-elle à Limmeridge ? Pourquoi me laisse-t-elle ici toute seule ? dit Sa Seigneurie, interrompant sir Percival.