Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/493

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore, et je vois que cela ne lui manquera pas… Telles furent ses propres paroles. Ce soir-là, je lus le sermon si touchant que mon mari a composé sur la guérison d’un malade, avec plus de joie et plus de profil (au point de vue spirituel), que je ne me rappelais en avoir encore obtenu.

L’effet de ces bonnes nouvelles sur la pauvre lady Glyde, se trouva, je le vis avec peine, au-dessus de ses forces. Elle n’était pas en état de supporter une si violente réaction ; et au bout d’un ou deux jours, elle fut envahie par un accablement, une langueur qui la réduisirent à garder la chambre. Le repos du corps, la tranquillité d’esprit, plus tard le changement d’air, voilà ce que M. Dawson trouva de mieux à lui conseiller. Il fut heureux que cette souffrance ne s’aggravât point, car le lendemain même du jour où lady Glyde se fut enfermée chez elle, un nouveau désaccord se manifesta entre le comte et le docteur ; leur dispute, cette fois, prit de telles proportions que M. Dawson quitta le château.

Je n’assistai point à cette querelle ; mais je compris que le débat portait sur la quantité de nourriture qui devait être administrée à miss Halcombe, pour aider à sa convalescence après que la fièvre aurait cédé. M. Dawson, maintenant que sa malade était sauvée, se montrait moins disposé que jamais à tolérer l’intervention d’un homme étranger à sa profession ; et le comte (sans que je puisse imaginer pourquoi), perdant tout à coup cet empire sur lui-même qu’il avait si judicieusement conservé en d’autres circonstances, tourmentait, taquinait sans cesse le docteur en lui rappelant sa méprise à propos de cette fièvre, devenue typhus sans qu’il s’en doutât. Cette malheureuse affaire aboutit à un appel direct de M. Dawson à sir Percival qu’il menaça (ses soins n’étant plus absolument indispensables à miss Halcombe) de ne plus revenir à Blackwater-Park, si l’intervention du comte n’était pas péremptoirement supprimée à partir de ce moment. La réponse de sir Percival (bien qu’elle ne fût pas positivement incivile) avait eu pour tout résultat d’empirer les choses ; et M. Dawson, là-dessus, quittant le château, —