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tivement et, cela fait, se tourna du côté du docteur avec une physionomie tellement indignée, tellement méprisante que les paroles s’arrêtèrent sur les lèvres de M. Dawson, et qu’il demeura un moment sans rien ajouter, pâle de colère et de terreur.

Sa Seigneurie me regardant ensuite :

— À quel moment dit-il, ce changement est-il survenu ?…

Je le lui dis :

— Lady Glyde, depuis lors, est-elle entrée dans la chambre ?…

Je répondis que non. Le médecin lui avait absolument défendu d’y entrer dès la soirée précédente, et le matin même il avait renouvelé la consigne.

— Vous et mistress Rubelle, ajouta le comte, avez-vous été mises au courant de ce désastre dans toute sa gravité ?…

— Nous savions, répondis-je, que la maladie était regardée comme contagieuse… Il m’interrompit, et avant que je pusse rien ajouter :

— C’est la fièvre typhoïde, me dit-il.

Pendant la minute que prirent à s’échanger ces questions et ces réponses, M. Dawson se remit, et s’adressant au comte avec sa fermeté habituelle :

— Ce n’est pas la fièvre typhoïde, riposta-t-il vivement. Je proteste, monsieur, contre une pareille intrusion. Personne, ici, n’a le droit de faire des questions, si ce n’est moi. J’ai rempli mon devoir au mieux de ce dont je suis capable, et…

Le comte l’interrompit, — non par des paroles cette fois, mais simplement en lui montrant le lit où gisait la malade. M. Dawson sembla ressentir ce démenti muet à ce qu’il avait dit lui-même de sa capacité ; la chose parut l’irriter vivement.

— J’affirme, répéta-t-il, que j’ai fait mon devoir. Un de mes confrères, mandé par moi, va bientôt arriver de Londres. Je consulterai avec lui sur le caractère de cette fièvre ; avec lui, et avec personne autre. J’insiste pour que vous quittiez cette chambre.