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blance avec les deux premières lettres du nom de lady Glyde, — un L et un A.

À la page suivante du « Journal » figure un autre paragraphe. Il est écrit d’une main d’homme, en gros caractères hardiment jetés et d’une régularité parfaite ; la date qu’il porte est le « 21 juin ». En voici le contenu) :

« Post-scriptum d’un ami sincère.

» La maladie de notre excellente miss Halcombe m’a procuré un plaisir intellectuel sur lequel je ne comptais pas.

» Je veux parler de celui que j’ai eu à parcourir (je l’achève à l’instant) cet intéressant « Journal ».

» Il comprend plusieurs centaines de pages. La main sur mon cœur, je puis déclarer que chacune d’elles m’a charmé, rafraîchi, comblé de joie.

» Pour un homme doué de sentiments comme les miens, il est inexprimablement agréable de pouvoir se rendre un pareil témoignage.

» Femme admirable !

» C’est à miss Halcombe que je fais allusion.

» Effort merveilleux !

» Je parle du « Journal ».

» Oui, ces pages sont étonnantes ! Le tact qu’elles révèlent, la discrétion, le rare courage, la force de mémoire vraiment surprenante, la subtile observation des caractères, la grâce aisée du style, les charmantes saillies de la sensibilité féminine, tout cela m’a donné pour cette sublime créature, pour cette magnifique Marian, un indicible surcroît d’admiration. La peinture de mon propre caractère me semble une œuvre tout à fait magistrale. Je souscris, de tout mon cœur, à la fidélité du portrait.

» Je comprends la vivacité de l’impression que j’ai dû produire, en me voyant peint avec d’aussi fortes, d’aussi riches, d’aussi abondantes couleurs. Je déplore de nouveau la nécessité cruelle qui met nos intérêts en opposition, et nous contraint à lutter l’un contre l’autre. En des circonstances plus heureuses, combien j’aurais aimé à me montrer digne de miss Halcombe ; — combien miss Halcombe aurait été digne de « moi ».