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une tierce personne nous guettait, en effet, hier dans la plantation ; et cette tierce personne…

— Êtes-vous sûr que c’était le comte ?

— J’en ai la certitude absolue. Il est l’espion de sir Percival. Il s’était chargé de le renseigner ; c’est lui qui a posté sir Percival, et lui a fait faire le guet toute la matinée pour nous surprendre, Anne Catherick et moi.

— Est-ce qu’Anne est découverte ? L’avez-vous vue près du lac ?

— Non. Elle a dû son salut à ce qu’elle n’y est pas venue. Lorsque j’arrivai à l’embarcadère, personne encore n’était là.

— Vraiment ? vraiment ?

— J’y entrai, puis j’attendis, assise pendant quelques minutes. Mais l’inquiétude où j’étais me fit me relever bientôt pour marcher aux entours de la hutte. Comme j’en franchissais le seuil, je vis, tout proche de la façade, quelques marques tracées sur le sable. Je me baissai pour les examiner, et finis par reconnaître un mot écrit en gros caractères. Ce mot c’était : Regardez !

— Et vous avez écarté le sable pour creuser dessous ?

— Comment le savez-vous, Marian ?

— J’ai vu moi-même cette cavité, en suivant vos traces jusqu’à la hutte. Mais continuez… continuez !

— Eh bien ! oui, j’écartai le sable à la surface du sol, et j’arrivai bientôt à découvrir, sous ce sable, une bandelette de papier qui portait des caractères écrits. Ce manuscrit était signé des initiales d’Anne Catherick.

— Où est-il ?

— Sir Percival me l’a pris.

— Pourriez-vous vous rappeler ce qu’il contenait ? Pensez-vous que vous seriez en état de me le redire ?

— Pour ce qui est de la substance, je m’en charge, Marian. Il était très-court. Vous vous le seriez rappelé mot pour mot, vous.

— Tâchez de me dire, avant de passer outre, le sens général de cet écrit…

Elle fit ce que je lui demandais. Je transcris ici, exac-