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cuisinière a dit qu’elle transporterait son fauteuil dans cette petite cour si fraîche, où est la pompe ; et, réflexion faite, tous les autres se sont décidés à s’y installer aussi…

Il ne restait plus qu’une seule personne dont il fallût scruter les loisirs ; — c’était la femme de charge.

— Est-ce que mistress Michelson est déjà couchée ? demandai-je.

— Je ne pense pas, dit la jeune fille en souriant. Je la croirais plutôt disposée à se lever qu’à se mettre au lit.

— Pourquoi donc ? Que voulez-vous dire ?… Est-ce que mistress Michelson est demeurée au lit pendant la journée ?

— Non, miss, pas tout à fait, mais à peu de chose près. Elle a dormi toute la soirée sur le sopha de sa chambre.

Combinant ce que j’ai observé moi-même dans la bibliothèque, et le compte qui vient de m’être rendu par la femme de chambre de Laura, j’arrive inévitablement à la conclusion suivante : la figure que nous avons vue près du lac n’était ni celle de madame Fosco, ni celle de son mari, ni celle d’aucun des domestiques. Les pas que nous entendions derrière nous n’étaient ceux d’aucun individu appartenant au château.

Qui donc ce pouvait-il être ?

Il semble inutile de chercher à le savoir. Je ne puis même éclaircir positivement si cette figure était celle d’un homme ou d’une femme ; — il me semble, pourtant, que c’était une femme.


VI


« 18 juin. » — Ces angoisses de conscience que je souffris, hier soir, en écoutant ce que Laura me disait dans la cabane du lac, me sont revenues dans l’isolement de la nuit, et, pendant des heures, m’ont tenue éveillée, en proie au chagrin.