Page:Collin de Plancy - Dictionnaire feodal-T1.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
295
IND

sûrs d’aller au ciel, au moyen des indulgences, les croisés ne prenaient pas la peine de le gagner autrement ; et que le viol, le meurtre et les brigandages marquaient partout le passage de l’armée chrétienne.

On étendit bientôt les indulgences à toutes les guerres où l’on croyait la religion intéressée ; on les donna à l’assassin d’un excommunié ou d’un hérétique ; et, pour ne pas priver les femmes et les vieillards de cette précieuse grâce[1], on s’avisa, dès le onzième siècle, de leur vendre les indulgences ; de sorte que, sans aller à la guerre et sans tuer personne, les dames pouvaient, avec de l’or, se conduire à leur gré, sans s’occuper de l’autre monde, pendant l’absence de leurs belliqueux époux.

Au reste, le prix des indulgences a beaucoup varié. On les vendait cinquante écus sous Léon X ; on les donnait pour deux sous[2] sous le pontificat d’Urbain VIII, quoiqu’il n’y ait qu’un siècle du premier au second de ces papes. Aujourd’hui le commerce en est si mauvais, qu’on les donne pour rien.

  1. Voyez Fleury. Mœurs des chrétiens, parag. 64.
  2. Dictionnaire des gens du monde, au mot Indulgences.