sûrs d’aller au ciel, au moyen des indulgences, les croisés ne prenaient pas la peine de le gagner autrement ; et que le viol, le meurtre et les brigandages marquaient partout le passage de l’armée chrétienne.
On étendit bientôt les indulgences à toutes les guerres où l’on croyait la religion intéressée ; on les donna à l’assassin d’un excommunié ou d’un hérétique ; et, pour ne pas priver les femmes et les vieillards de cette précieuse grâce[1], on s’avisa, dès le onzième siècle, de leur vendre les indulgences ; de sorte que, sans aller à la guerre et sans tuer personne, les dames pouvaient, avec de l’or, se conduire à leur gré, sans s’occuper de l’autre monde, pendant l’absence de leurs belliqueux époux.
Au reste, le prix des indulgences a beaucoup varié. On les vendait cinquante écus sous Léon X ; on les donnait pour deux sous[2] sous le pontificat d’Urbain VIII, quoiqu’il n’y ait qu’un siècle du premier au second de ces papes. Aujourd’hui le commerce en est si mauvais, qu’on les donne pour rien.