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unes sur les autres comme le feraient les molécules d’un gaz, mais en suivant la loi de gravitation tant qu’elles n’entrent pas en collision immédiate, est tellement grand que nous ne pouvons espérer atteindre quelque loi autrement que par l’emploi des raisonnements statistiques ; ces lois devront être des lois de moyennes portant sur les mouvements individuels observés. Si la voie lactée peut être assimilée à un gaz composé d’étoiles, et si la distribution la plus probable a eu le temps de s’y réaliser grâce aux actions mutuelles, les vitesses des étoiles doivent être distribuées dans chaque région suivant la loi de Maxwell avec une énergie cinétique moyenne jouant un rôle analogue à celui d’une température et décroissante du centre à la périphérie suivant une loi comparable à. celle d’une détente adiabatique.

La température centrale, dans la région où se trouve notre soleil, est liée de manière simple, du moins si l’on suppose la nébuleuse primitive sans mouvement sensible, à la masse totale de cette nébuleuse, au nombre total des étoiles supposées toutes du même ordre de grandeur. En suivant une voie différente de celle de Kelvin, Poincaré retrouve ainsi, à partir des vitesses moyennes observées pour les étoiles voisines de nous, un nombre total d’étoiles de l’ordre du milliard, tout à fait de même ordre que le nombre des étoiles visibles.

Les choses ne sont cependant pas tout à fait aussi simples. La nébuleuse n’est pas sphérique comme le voudrait l’assimilation précédente : elle est aplatie, probablement à cause d’Un mouvement initial de rotation d’ensemble, et les vitesses observées sur les étoiles manifestent nettement une organisation, l’existence de courants généraux que les actions mutuelles n’ont pas eu le temps encore de détruire pour réaliser la distribution de Maxwell, d’où la possibilité de remonter à l’époque où une organisation plus complète a peut-être existé. Enfin, les distances moyennes énormes où les étoiles se trouvent les unes des autres font que les actions mutuelles interviennent très rarement avec intensité et que la nébuleuse est, plus qu’à un gaz ordinaire, comparable à ces gaz ultra-raréfiés dont l’étude a beaucoup progressé récemment et où le libre parcours des molécules est très grand par rapport aux dimensions de l’ensemble.

Le mystère de la gravitation a beaucoup préoccupé les meilleurs esprits et, parmi les hypothèses proposées pour l’éclaircir, une des plus remarquables est celle de Lesage. Il imagine l’espace empli de