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ondes transversales, et croyait avoir expliqué, dans cette hypothèse, la déviation des rayons cathodiques par les aimants, auxquels les rayons lumineux sont complètement insensibles. Poincaré montra qu’en admettant les idées de M. Jaumann, mais en interprétant correctement ses équations, on devrait conclure que les rayons, les trajectoires de l’énergie dans les ondes longitudinales qu’il imaginait, devaient suivre les lignes de force électriques et ne pouvaient par conséquent être déviés par l’aimant de la manière observée pour les rayons cathodiques. Ici encore apparaît la maîtrise de Poincaré à lire les faits dans les équations, à comprendre sans aucune peine le langage qu’elles parlent et avec lequel nul plus que lui ne fut familier. Il n’éprouvait même pas le besoin qu’on employât un système constant et unique de notations : il mettait son plaisir à deviner la signification des symboles. Ce géant jonglait avec nos systèmes de formules dont le poids suffit à écraser tant d’autres esprits, et en raison de cette aisance même, il ne cessait jamais de voir le fond, son attention n’étant pas absorbée par des difficultés de la forme. Pour les physiciens, l’analyse mathématique n’est qu’un instrument, mais dont le manie-ment est d’ordinaire aussi long et difficile à bien connaître que l’écriture chinoise ; on vieillit souvent avant de la posséder complètement, et on cesse de voir les choses pour avoir trop peiné sur des symboles. Henri Poincaré. ne fut jamais embarrassé par les difficultés d’analyse ; il ne les connaissait presque pas plus que ne les connaît la nature elle-même et ne perdait jamais le contact avec celle-ci.

Là est, je crois, le secret du goût qu’il eut pour la physique mathématique, dont la difficulté principale n’existait pas pour lui.

A propos d’une expérience de Birkeland où les rayons cathodiques paraissaient se comporter de façon singulière dans le champ magnétique au voisinage d’un pôle d’électro-aimant, Poincaré sut voir que tout s’interprétait de la manière la plus naturelle au moyen de la loi élémentaire qui donne la force exercée par un champ magnétique sur une particule électrisée en mouvement et que les trajectoires observées étaient, conformément à la théorie, ]es lignes géodésiques de cônes de révolution ayant leur sommet au pôle.

La découverte des rayons de Röntgen, issus de l’arrêt brusque des rayons cathodiques par un obstacle, surexcita au plus haut degré l’activité des physiciens en raison des caractères nouveaux et mystérieux que présentaient les radiations nouvelles, et provoqua