Page:Collectif - Le Livre rose vol 2.pdf/365

Cette page n’a pas encore été corrigée

son domestique s’il en avait un, conservant d’ailleurs un juste orgueil, principalement ses jours de barbe. Son extrême propreté et la douceur de ses manières ont toujours suffi, dans le petit cercle où il vit, pour lui faire pardonner certain penchant pour l’école satanique. Je ne pense cependant pas qu’il se soit jamais cru absolument lord Byron ; mais il s’en faut de si peu, que ce n’est pas la peine d’en parler, et la chose est d’ailleurs si simple et commune à tant de gens, que je ne vois pas trop pourquoi il aurait eu la modestie de s’en priver.

Non-seulement il est très-facile aujourd’hui d’être lord Byron, mais il est encore très-difficile de ne pas l’être. Je ne parle pas des littérateurs ; s’en abstenir leur est entièrement impossible. La raison en est aisée à concevoir, puisqu’on ne saurait faire un livre sans que les journaux en parlent, et que les journaux ne sauraient parler sans mentionner Byron. Le nom de Byron se trouve dans tous les articles littéraires imprimés depuis 1826. Mais, pour ne parler que de la vie privée, cette sorte de personnage indispensable dans les coteries, se propage de jour en jour dans tous les rangs de la société. Le dandysme a commencé, il est vrai, en Angleterre par exiger que pour remplir ce rôle on boitât d’une manière assez marquée ; mais on a aujourd’hui des idées plus tolérantes à cet égard, il