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Le Lausannois est en général tolérant et conciliant ; il n’est pas sujet à ces emballements ou à ces accès de prosélytisme, qui, ailleurs, provoquent des discussions irritantes. Cette tolérance est surtout manifeste dans le domaine religieux. La piété réelle y est entourée de considération. Les gens même qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les cultes, se plaisent généralement à reconnaître que les efforts du clergé officiel ou indépendant n’ont pas été vains, et qu’ils ont pour résultat évident d’élever le niveau de la moralité publique et privée. Il y a à Lausanne de nombreux cultes correspondant à des conceptions religieuses différentes ; leurs adhérents vivent en bonne harmonie.

Les personnes qui envisagent la religion sous son côté social et qui sont désireuses de la voir atteindre les masses préfèrent l’Église nationale, « l’Église de nos pères, » comme l’on entend dire parfois, qui est issue de la Réforme et qui a été longtemps, pour les Vaudois, un centre de ralliement. Le territoire de la commune de Lausanne fait partie de cinq paroisses différentes à savoir : 1o La paroisse de Lausanne proprement dite, avec quatre temples (la Cathédrale, qui appartient à l’État ; Saint-François, Saint-Laurent et Ouchy) ; elle est divisée en sept sections, ayant chacune à sa tête un pasteur[1], 2o celle de Chailly, 3o celle des Croisettes, 4o celle de Morrens, à laquelle se rattache le hameau de Montherond, 5o celle de Cheseaux, dont font partie les Vernands. Les temples de Chailly, des Croisettes et de Montherond, comme ceux de la ville, sont propriétés communales. Les membres de l’Église nationale s’intéressent, financièrement, dans une large mesure, à l’œuvre de la Société des Missions de Bâle.

Les pasteurs les plus en vue de l’Église de Lausanne ont été, au seizième siècle : Pierre Viret, Jacques Valier, Jacques Langlois, Jean Bœuf, Pierre Boquin, Nicolas Séguier, Guillaume Dubuc ; au dix-septième siècle : Marc de Saussure, Charles Deschamps, Pierre Collinet, Jacques Combe, Élie Molart ; au dix-huitième siècle : Gabriel Bergier, Louis-César de Saussure (qui assista Davel à ses derniers moments et fut déposé pour avoir tenu, en cette circonstance, un langage trop indépendant), Benjamin Rosset de Rochefort, Antoine-Noé de Polier, J.-Pierre Leresche, Daniel Pavillard, chez qui le jeune Gibbon fut mis en pension par son père, Samuel Secretan, Jean-Frédéric Bugnion, J.-Frédéric Pichard ; au dix-neuvième siècle : Louis Curtat, Philippe-Louis Bridel, Louis Manuel, Charles Scholl, Louis Fabre, Guillaume Monod, Félix Chavannes, N. Poulain, F. Girard, Saison Vuilleumier, Alfred Porret, Alexis de Loës[2].

Les personnes qui envisagent la religion au point de vue individuel se rattacheront de préférence à l’Église libre, qui s’est constituée en 1847, à la suite de la démission que donnèrent collectivement plus de 150 pasteurs de l’Église nationale (novembre 1845). Cette démission eut pour cause déterminante le fait

  1. La section d’Ouchy est divisée en deux subdivisions ; la deuxième a à sa tête un suffragant.
  2. La loi ecclésiastique de 1839 a mis tous les pasteurs de Lausanne sur le même rang. Autrefois il y avait « un premier grand ministre » qui avait la paroisse de Bourg ; un « second premier ministre », qui avait la paroisse de la Cité ; un archidiacre, qui avait celle de Saint-Laurent, et un diacre pour celle du Pont et de la Palud. Il y avait aussi des ministres forains qui desservaient les annexes de Prilly, Renens, Le Mont, Romanel et les Croisettes. Ces trois annexes furent transformées en paroisses en 1811.