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— UN MARIAGE. —

le comte de Bresseval, aussitôt qu’elle entendait prononcer son nom. Cependant la marquise exprima une fois le regret de ne pouvoir rendre sa maison plus agréable ; mais elle partageait, dit-elle à madame de Frémy, l’affliction d’une mère et d’un frère qui allaient perdre une charmante jeune fille, objet de leur plus tendre affection. « Elle meurt avec la résignation d’un ange, reprit la marquise, et la vie lui était chère à bien des titres. Elle s’efforce de la dédaigner, afin que ses regrets n’ajoutent pas à la douleur de ceux qui la pleureront ; mais l’espérance renaît en elle à la moindre lueur de santé. Cette espérance trahit la pensée cachée, car alors elle forme de longs projets, et mes pauvres amis souffrent d’incroyables tortures à l’entendre parler de l’avenir qui ne lui appartient plus. »

L’émotion de madame d’Esnelle, toujours croissante en prononçant ces paroles,