Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
— LE LIVRE DES FEMMES. —

frent jamais, dans une même œuvre, qu’une portion de vérité. Dans une foule, le monde se déploie sous toutes ses formes ; chaque imagination y trouve les reflets de ses propres sentimens, l’explication des manières de sentir les plus opposées entre elles.

Madame de Golzan, seule dans sa loge avec son mari, attendait impatiemment M. de Celnarre ; ses yeux se fixaient, pleins d’anxiété, sur une loge vide en face de la sienne ; chaque porte qui s’ouvrait lui causait un tressaillement d’impatience. Madame de Kamnen arriva enfin. M. de Celnarre la suivait. Ses traits reprirent une apparence calme ; elle témoigna le désir d’écouter l’ouverture pour suspendre toute conversation. Le silence s’était enfin établi dans la salle. Une musique suave, mélodieuse, semblable à l’expression d’une vision céleste, tenait sous le charme cette assemblée mobile ; le bruit inharmonieux tic la clef de l’ouvreuse se fait encore