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— LE LIVRE DES FEMMES. —

une âme doublée de ce triple airain dont parle Horace ; mais, au mépris du requin, elle se hasarda un matin à aller seule se promener le long de la mer, à un quart de lieue de la villa. Après avoir bien regardé de toutes parts autour d’elle, la voilà qui s’assied sur une roche abritée. Le flot venait mourir à ses pieds ; on eût dit qu’il voulait les baiser, tant il ondulait mollement. Des graines rouges comme des escarboucles, de petits coquillages verts et bleus, parsemaient le fond du sable, et l’eau était si limpide qu’on ne perdait pas une nuance de ce beau tapis maritime. À force de regarder les coquillages et la poudre d’or, la jeune femme se prit d’un grand désir de les toucher. L’eau était tiède et d’une pureté cristalline ; d’ailleurs pas une voile en mer, pas une âme sur la rive… Madame de Vély se déchaussa et livra au flot les deux pieds de nymphe qu’il désirait tant ; deux pieds nus et