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— LA PREMIÈRE RIDE. —

saisie de ce profond dégoût du monde qui surgit presque toujours d’une passion malheureuse ou d’illusions détruites.

Ce fut alors que je fis connaissance de M. Delmar ; il n’avait jamais été beau, et déjà il n’était plus jeune. Son esprit, son caractère égal, le rendaient d’un commerce agréable et sûr ; par exemple, rien n’était moins passionné que ses manières et son langage. Il me demanda ma main, tout en m’avouant qu’il n’avait jamais été, qu’il ne serait jamais amoureux, mais qu’il me trouvait jolie et qu’il me croyait bonne. Je lui répondis que je ne me remarierais pas, et il ne m’en parla plus. Mais dès ce moment j’eus en lui un ami attentif et dévoué. Peu à peu il se chargea de mes affaires qui m’ennuyaient beaucoup, me fit acheter avec avantage la terre que nous habitons, et sachant que je cherchais à faire du bien, il vendit plusieurs propriétés pour m’aider à élever