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— LE LIVRE DES FEMMES. —

reuse, s’écria Arthur, et je me plais à croire que jamais elle n’abusera de son empire. Il est vrai qu’elle est exigeante et un peu jalouse, mais ce dernier sentiment ne prouve-t-il pas de l’amour ?

— Pas toujours, mon cher ; d’ailleurs si la jalousie d’une maîtresse flatte notre vanité ou notre cœur, celle d’une femme est incommode et fatigante. On ne peut passer sa vie en adoration continuelle devant sa femme, on aime enfin à penser, à agir selon sa volonté, et vous n’en serez pas le maître avec madame Derby. Comme, Dieu merci, je ne suis pas amoureux d’elle, je crois bien la connaître moi : elle est passionnée, remplie de vanité, et si elle trouve du mécompte dans l’amour exagéré auquel elle s’attend, elle s’en vengera, soyez-en certain, en redevenant coquette ou en vous rendant malheureux. Ce dernier parti, une femme peut le prendre à tout âge ; mais il vient un moment où elle