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— LE LIVRE DES FEMMES. —

visages qui plaisent à mes yeux. Vous avez tout-à-l’heure interrompu une de mes douces fantaisies. Cette femme que vous voyez sérieuse, je composais pour elle une existence d’amour, de dévoûment ; je me plaisais à la supposer dédaigneuse des plaisirs du monde, révélant dans ses discours une âme énergique, un esprit élevé ; j’ajoutais enfin toutes les séductions du cœur à celles de cette frêle et délicieuse enveloppe. « Madame de Golzan regarda en face d’elle dans une glace ; les yeux du comte étaient attentivement fixés sur les siens. Elle le voyait pour la première fois. Sa noble figure, son extérieur plein d’élégance et de douceur, donnaient un nouveau prix aux paroles qu’il avait dites. Jamais un éloge direct n’a pénétré si avant dans le cœur d’une femme que l’éloge qu’elle surprend alors qu’on n’a pas mis en le prononçant l’intention d’être entendu. Sa vanité peut l’accepter en entier, sans faire