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— LA PREMIÈRE RIDE. —

vaient rattachée à lui par la pitié, par la douleur ; et, par une contradiction de cœur qui n’est que trop commune, je regrettais mort celui que j’avais négligé vivant. Cet état me rendait mélancolique et me disposait encore davantage à éprouver un sentiment profond.

Ce fut précisément à cette époque que me fut présenté un homme remarquable par la finesse de son esprit, le charme de sa figure et l’élégance de ses manières. Mais je ne le jugeai point comme j’avais fait des autres hommes qui avaient cherché à me plaire ; je ne le jugeai point, car je l’aimai d’abord avec cette faiblesse de femme, cet entraînement qui domine leur raison et exerce une puissance contre laquelle toutes les réflexions sont inutiles.

Arthur de Seignelay était âgé de vingt-cinq ans, et par son genre de figure paraissait plus jeune encore. Son caractère ardent, passionné, son amabilité furent une